Les Roulers et la Pierre

Lire la première partie

Au sein de La Vraie Langue Celtique en évoquant la plupart des lieux dits du terroir de Rennes-les-Bains, l'abbé Boudet semble suggérer quelques indices numériques ... comme autant de distances entre les sites majeurs de sa paroisse et le lieux précisément évoqué ; distances destinées à être appliquées sur sa carte en fin d'ouvrage.

De nombreux exemples en attestent ; cette multitude tend à démontrer qu'il ne peut s'agir d'une accumulation de coïncidences mais bel et bien d'une volonté de désignation de la part du ou des concepteurs de la VLC.

Déjà évoquée, la distance séparant la Source de la Madeleine et la Pierre (La demi-meule de l’abbé Boudet) constitue un exemple parmi bien d'autres ; voici une autre astuce employée par l'auteur :


https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/132918665665.jpg

Dans ses écrits, page 236 puis en page 247, l'abbé Boudet évoque « deux pierres branlantes ou roulers »

"Dans le cromleck de Rennes-les-Bains, on voit aussi fi­gurer deux pierres branlantes ou roulers."

or les rapports scientifiques de cette époque n'évoquaient qu'une seule pierre branlante !

https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/132918666975.jpg

En début d'ouvrage également, au premier paragraphe des Observations Préliminaires, l'auteur de la Vraie Langue Celtique écrit ostensiblement "deux pierres branlantes" !

https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/13290898305.jpg

Tout contemporain de l'abbé un minimum intéressé par le mégalithisme de la région ne peut être que surpris et alerté par une telle affirmation. Cette erreur est donc probablement destinée à attirer l'attention du lecteur érudit dès la prise en main de l'ouvrage.
Poursuivons alors attentivement la lecture des quelques lignes consacrées aux Roulers.

"A l'extrémité sud du Pla de la Coste, sur le rebord du plateau, sont placées deux pierres branlantes ou roulers. La manière dont elles sont posées indique avec évidence un but poursuivi et atteint, celui de permettre à une secousse légère de produire une trépidation marquée et sensible, mais non une oscillation profonde qui déplacerait le centre de gravité, et qui précipiterait le rocher au bas de la monta­gne.

 A côté du premier de ces deux roulers, un petit ménir dresse sa pointe émoussée : deux autres ménirs sont renversés à droite et à gauche. Ils étaient simplement posés sur le sol et non point enfoncés dans la terre, car le plan de leur base a gardé de petites pierres blanches, agglu­tinées par l'effet du poids et du temps, et semblables au gravier du terrain sur lequel ils pesaient."

Page 236, l'abbé semble insister sur la présence de 2 Roulers, puisqu'il le précise consécutivement deux fois !

''2 roulers'' répété 2 fois : nous pourrions y voir la suggestion du chiffre 4 (2x2)... nombre que nous retrouvons sur la carte.

Rappelons qu'il n'existe en réalité et dans les textes scientifiques du 19ème siècle, qu'une seule pierre tremblante !

Sur la carte :

Le site des Roulers est mentionné sur la carte en annexe de la VLC (figuré par 4 points symboles de menhirs debouts):

https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/132907756194.jpg


Divergence texte/dessin/carte :

Dans ses écrits Monsieur Boudet évoque « deux pierres branlantes ou roulers » + 1 menhir dressé +  « deux autres ménirs renversés ». Remarquons tout d'abord que cette description ne correspond pas à l'illustration consacrée au site car un seul ménir renversé y est dessiné.

https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/132918665665.jpg

Simple oubli ? Poursuivons en observant attentivement la carte : 4 points rouges désignent le site des Roulers.

Or s'il abrite 2 roulers  + 1 menir dressé + 2 ménir renversés (selon le texte de l'abbé)
nous devrions alors avoir 2 petits tirets symboles de ménirs renversés mais l'abbé n'en figure aucun près de la mention ''roulers''. Ceci dit, le cartographe aurait pu décider de les représenter tels qu'ils étaient à l'origine, soit tels des ménirs dressés, nous aurions alors 1 + 2 = 3 points rouges sur la carte (ou bien 5 en comptant les 2 Roulers dessinés et évoqués). Cela ne convient toujours pas puisqu'il y a 4 points rouges sur le site des Roulers.

Le lecteur attentif et rigoureux est donc alerté par l'incohérence entre dessin, carte et écrits consacrés aux Roulers.

Simple manque de rigueur ? Peu probable !
D'après la légende, l'abbé représente les ménirs renversés par un petit tiret ... symbole qu'il employa également pour localiser le site de la Pierre.

Seuls 4 points rouges représentent le site des Roulers mais aucun ménir renversé n'apparait alors qu'il devrait y en avoir un d'après l'illustration (et même deux selon les écrits de l'abbé) ... il ne me semble donc pas déraisonnable d'envisager que l'abbé ait souhaité signifier au lecteur vigilant la valeur 4 et son lien avec un ménir renversé !

Souvenons-nous alors de la double mention erronée ''deux Roulers" suggérant également le chiffre 4 (2x2)

Il est ensuite amusant de constater que 4 cm séparent le site des Roulers (où manque un menir renversé) de celui de La Pierre (justement repésentée par un ménir renversé).


https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/13290785456.jpg

Isolée, cette observation serait négligeable et le doute pourrait être permis mais elle est bien loin d'être unique : il existe de nombreux autres exemples de ce type où l'abbé, en évoquant un tènement précis, suggère les distances le séparant des 3 sites fondamentaux.
L'accumulation des observations écarte toute possibilité de coïncidences et atteste au contraire d'une volonté de désignation. D'autant plus que bon nombre de démonstrations sont ô combien plus probantes et indiscutables que celle-ci.

à suivre

 

Thierry Espalion