https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/133698548437.jpgL'œdiculum de Laroque - La croix Rouby


https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/133698757774.jpgVoici quelques années, j'initiais la mise en lumière d'un jalon alors jamais évoqué dans notre affaire :

Une croix commémorative peu connue


Chacun se souvient que moins de 48 heures après cet article, le sujet fut repris sans la moindre référence sur divers sites et forums ...



Ce "monument", à l'image de toutes les tombes isolées du secteur des deux Rennes, constitue un jalon indicateur d'une remarquable précision.
La Société des arts et des sciences de Carcassonne publia, en 1891, à l'initiative de Louis Fédié, un texte et une illustration de cette croix.

Je ne sais si l'accident du sieur Rouby fut réel ou imaginaire, mais peu importe : ce ne serait pas la première fois en effet que la commémoration d'un événement réel servirait de prétexte au témoignage et au balisage ... d'autres éléments en attestent.

Ce nouvel article est essentiellement consacré à une étude détaillée de ce document, riche en indications et anomalies.
Dès sa découverte, je constatai que cette croix venait compléter la liste déjà longue des jalons indicateurs disposés ça et là dans les Corbières et le Razès ; les informations publiées en 1891 confirment mes observations initiales, générales et cartographiques, élevant ainsi cet oediculum au rang de jalon d'exception.

 

Voici donc quelques compléments d'information et quelques observations :

1) La croix de Laroque

2) Relevé de 1891 - Louis Fédié

3) Quelques anomalies

4) Indications numériques

5) Suggestions alchimiques


 

 

1) La croix de Laroque

https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/133700007512.jpg


Deux textes sont gravés sur le socle de la croix : l'un en latin, l'autre en patois. Ils sont signés Jean Vasserot, comme le confirme le cartouche "condidit J.V" (voir le texte de Louis Fédié).

Deux dates différentes apparaissent également : le 26 mai 1765 et le 19 août 1765, l'une concernant la réalisation de la croix en fer forgé par le sieur Rouby comme l'indique la fin du texte en occitan. La seconde censée correspondre à la réalisation du socle de pierre.

 

 

2) Relevé de 1891 - Louis Fédié

 

En 1891, la Société des arts et des sciences de Carcassonne publia une description du "monument" intitulée "La croix votive de Laroque à Couiza", signée Louis Fédié.

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Le texte est daté du 24 juin 1891. Il est accompagné d'une remarquable illustration réalisée par Mr E. Roudières, graveur à Carcassonne.

 

3) Quelques anomalies

Quelques erreurs évidentes se sont glissées sur chacun des deux supports. Tout d'abord dans le texte où la largeur de la croix mentionnée est de 0,46 centimètres ! Cela n'est pas cohérent avec la réalité, puisqu'il doit s'agir de 46 centimètres, autrement dit 0,46 mètres. S'agit-il d'une erreur involontaire ou bien, à l'image des techniques employées par l'abbé Boudet, serait elle destinée à attirer l'attention du lecteur ? Et lui suggérer l'importance des nombres désignés ? Nous y reviendrons...

Notons au passage que la croix sur la tombe le l'abbé Boudet à Axat mesure également 46 cm de largeur (lire l'étude).

https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/133628147651.jpg

Sur l'illustration, une erreur flagrante attire l'attention de l'observateur : au coeur de la croix ce n'est justement pas un coeur qui est représenté mais une croix ... offant ainsi la représentation d'une croix dans un cercle.

Nous pourrions bien évidemment envisager une modification postérieure à 1891, mais une autre croix est figurée au dessus du cercle ce qui ne correspond toujours pas à la réalité ... réalité offrant quatre branches parfaitement homogènes, excluant à mon sens l'éventualité d'une modification de la croix initialement forgée.

Remarquons également qu'en dessous du cercle central, le graveur prolonge le montant vertical, figurant ainsi avec le cartouche horizontal accueillant la date, une autre croix cette fois-ci sous le cercle ! Nous y reviendrons...

Le relevé de la croix n'est donc pas totalement conforme à la réalité, de telles erreurs ne peuvent être que volontaires et destinées à délivrer un message car il est inutile d'être un as du jeu des 7 erreurs pour être interpellé.

Observons également que les deux textes en latin et occitan ne furent pas fidèlement retranscrit : en effet le graveur ne respecta pas les césures de mots et compacta les lignes de texte. Ce faisant Monsieur Roudière mit en évidence le nombre 17 puisqu'en excluant les deux dates, nous pouvons compter 17 lignes de texte. Coïncidence ?


4) Indications numériques

 

Les dates : deux dates apparaissent sur le socle gravé, le 26 mai 1765 et le 19 août 1765
une autre date, 24 juin 1891, indiquée au bas du texte signé Louis Fédié, est également intéressante (voir deuxième partie)


Les dimensions de l'ouvrage : Souvenons nous de l'erreur d'unité, centimètres au lieu de mètres, peut être destinées à attirer l'attention du lecteur. Les indications numériques du texte sont les suivantes :

¤ largeur de l'œdicule en forme de  niche : 72 cm (nombre ô combien symbolique)

¤ largeur de la croix en fer forgé : 46 cm (nombre reflet de 64 et une possible allusion au damier ... voir plus loin)

¤ hauteur de la croix : 1 m 10 soit 1,1 m ou encore 11 dm

¤ hauteur de la niche : 3 m 30 soit 3,3 m ou encore 33 dm

Je ne serai pas surpris de retrouver également un 22 lors de mes futures mesures détaillées de la structure. Car ces indications numériques se révèlent des plus instructives et d'une utilité pratique d'une précision déconcertante ... mais ce n'est pas tout puisqu'elles mettent également en évidence une notion de double !

Notion de double :

Nous avions déja constaté une "notion de double" associée à ce monument puisque deux dates différentes y sont gravées, deux textes en deux langues différentes (le latin et l'occitan), deux noms (Mr Rouby et Mr Vasserot), deux concepteurs (l'un pour la croix, l'autre pour le texte), deux matières (la pierre pour le socle, le fer pour la croix).

Mr Fédié souligne cette notion en précisant que deux hommes pourraient y trouver refuge ; notion de double également renforcée par les mesures 1,1 et 3,3 puisque ces deux nombres sont constitués de deux chiffres identiques.

Notion de "double dans l'unité" chère à la symbolique alchimique ...

 

5) Suggestions alchimiques

 

Nous avons constaté précédemment que le graveur prit quelques libertés en représentant les détails de la croix de fer, figurant des croix n'apparaissant pas dans la réalité : il dessine en effet une croix dans le cercle central, puis une croix sur ce même cercle, et suggère une autre croix sous le cercle, créant ainsi les configurations suivantes :

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Un oeil averti y décèlera instantanément des symboles alchimiques fondamentaux.

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Notons également que la vraie croix en fer forgé évoque à son tour certains de ces symboles.

https://static.onlc.eu/rennes-chateauNDD/optimised/133628859210.jpg
Le socle constitué de plusieurs pierres taillées induit, nous l'avons évoqué, une notion de double dans l'unité chère à la symbolique alchimique : deux dates différentes y sont gravées, deux textes en deux langues différents (le latin et l'occitan), deux noms (Mr Rouby et Mr Vasserot), deux concepteurs (l'un pour la croix, l'autre pour le texte), deux matières (la pierre pour le socle, le fer pour la croix). Le cartouche "condidit J.V" doublement ovoïde souligne cette même notion. Certains autres détails et termes des textes gravés suggèrent également cette facette de l'énigme
.

Les mesures mentionnées dans la notice accompagnant le relevé de 1891 semblent également souligner la notion de double (nombres constitués de deux chiffres identiques) et plus généralement, vu les diverses suggestions de composants alchimiques figurant sur le relevé de la croix le nombre 46 (largeur de cette même croix) ne devrait-il pas être lu tel le reflet du nombre 64 et une allusion au damier cher à la symbolique alchimique ?


Métallurgie

L'aspect alchimique de cette affaire apparaît encore ici (de nombreux éléments dont la VLC s'y ramènent). Le terme alchimie dérange, je le conçois, la magie n'existe pas ! Raison pour laquelle il convient de le remplacer par "métallurgie" !

L'une des facettes de l'énigme de Rennes est indiscutablement associée à une forme de métallurgie (Des artistes et des pierres - Gérard Piedevigne). Mais ce n'est pas la seule et probablement pas la plus belle.

Les différents jalons possèdent dans leur grande majorité plusieurs niveaux de lecture et dispensent généralement de précieuses indications liées à l'aspect localisation ; c'est évidemment le cas de cette croix de Laroque ...
à suivre

voir également : ¤ Les croix "jumelles" de Couiza : questions