Le confessionnal (suite)
Le principe d'inversion est à tel point présent à Rennes-le-Château que nous, pauvres pêcheurs, sommes devenus au sein même du confessionnal les témoins privilégiés de quelques confidences ecclésiastiques.
J'évoquais précédemment la possible suggestion, via quelques particularités anatomiques de notre brebis, d'une seconde espèce animale (lire la première partie)
Voici la planche entière représentant notre animal mystère :
Cette image est issue d'un bestiaire médiéval. Ce n'est pas un MOUTON mais un MOURON.
Autrement dit, il s'agit d'une SALAMANDRE.
Comparons nos deux représentations
1) le même nez très allongé
2) un regard similaire
3) les mêmes oreilles en pointe
4) le creux des joues similaire
5) la toison de l'animal rappelle la représentation traditionnelle de FLAMMES en sculptures ou gravures ... or le FEU est un élément fréquemment associé à la Salamandre
6) à ce titre, sur le bestiaire médiéval, nous comptons 26 pointes de flammes baignant notre salamandre ... or autour de la gravure en demi-cercle du confessionnal, nous comptons également 26 points !
7) Sans oublier la présence de l'arbuste ...
Envisager que nos prêtres aient pris pour modèle précisément cette même image constiturait un pas que je ne saurais franchir.
Cependant, il est désormais fort probable que les abbés aient souhaité suggérer une salamandre au coeur de cette gravure en demi-cercle (évoquant l'ouverture des fours à pains de nos ancêtres).
Mais ce n'est pas tout, d'autres éléments confirment davantage encore cette observation.
8) Mi-mouton / Mi-mouron
L'un des noms parfois attribué à la salamandre est le MOURON, à une lettre près MOUTON.
Elle est aussi nommée « sourde-chaude ». En réalité, l'animal gravé représente une fusion des deux espèces Mouton/Mouron, la partie arrière étant conforme à la morphologie d'un mouton alors que l'avant évoque un Mouron (Salamandre). L'arbuste figurant la séparation entre les deux espèces.
Il est alors amusant de constater que côté droit (partie mouton) le lainage est plutôt anarchique alors que du côté gauche (salamandre) la toison est beaucoup plus ordonnée et évoque des flammes s'élevant dans les airs. L'astuce est belle.
Fréquemment employée sur divers monuments religieux (image ci-contre, sur le clocher d'une église dans le secteur des deux Rennes), la fusion de deux espèces animales aux noms si proches constitue un nouveau trait de génie de nos codeurs. Nous ne saurons probablement jamais l'identité de celui qui en eut l'idée ... ces hommes là ne se souciaient pas de bien futiles considérations d'ego, ces hommes là étaient de grands hommes ! Cette histoire est belle et y furent impliqués, depuis des siècles, les plus beaux esprits de leurs temps ... lorsque je m'interroge sur l'utilité de divulguer quelques uns de leurs chefs d'oeuvre, un sentiment l'emporte : celui de rendre hommage à ces personnages d'exception.
9) La patte avant
Notons que l'articulation de la patte avant d'une salamandre, contrairement à celle d'un mouton, induit une pliure vers l'avant comme cela est parfaitement représenté sur le confessionnal.
Cette patte avant constituant également une indication importante dans la mise à l'échelle de notre gravure ; cette dernière remplissant également une fonction indicatrice des plus ingénieuses ...
Le bénitier : salamandres ou basilics
La salamandre est un animal bien connu des chercheurs puisque deux magnifiques spécimens apparaissent sur le bénitier. Quelques chercheurs pensent qu'il s'agirait plutôt de basilics, mais comment les distinguer avec certitude ?
L’exercice est délicat puisqu’il existe tout un panel de représentations pour chacune de ces deux espèces. Créatures mythiques, leurs propriétés ou pouvoirs légendaires sont globalement équivalents, cependant la salamandre se distingue sur le terrain du symbolisme (voir 3e partie).
La salamandre de François 1er
Notre bon roi choisit pour emblème la salamandre. Elle est d'ailleurs omniprésente à Chambord. Sa devise était « Nutrico et extinguo »
Parmi les diverses représentations des deux espèces, une constante apparaît : le basilic possède généralement des ailes alors que la salamandre n'en a pas.
Or les animaux représentés sur le bénitier de Rennes-Le-Château n'ont pas d'ailes et sont également fort ressemblant (pattes, tête retournée...) à celui figurant sur la médaille de François 1er, ci-contre, qui ne peut être qu’une salamandre.
S'il est possible d'envisager que les établissements Giscard aient souhaité représenter des basilics (F.Pous et C.Attard) ... Port de tête, 3 doigts ... Les diverses similitudes avec une salamandre pourraient inspirer l'idée que les prêtres, en parcourant les catalogues Giscard, aient choisi une ornementation qui, à leurs yeux, évoquait des salamandres (simple suggestion).
Le regard qui « TU »
Avant de revenir au confessionnal, observons ceci (je ne crois pas que cela ait déjà été évoqué) : salamandres ou basilics sont de proches cousins et chacun d’eux aurait la capacité, selon d’anciennes croyances, de tuer d’un seul regard. Notons également qu'ils auraient tous deux, par leur seule présence, la triste réputation d'empoisonner un point d'eau (nous y reviendrons...).
Observons nos deux basilics/salamandres du bénitier et plus particulièrement l'orientation de leurs regards.
Notons que les têtes actuelles ne sont probablement pas d'origine puisque nos salamandres apparaissent décapitées sur certaines photographies. La restauration fut de qualité et les têtes actuelles semblent parfaitement positionnées puisque François Pous découvrit, sur un chemin de croix, exactement le même modèle issu de l'entreprise Giscard.
L’ensemble n’étant pas parfaitement symétrique, l’animal de droite est positionné légèrement plus haut que celui de gauche, si bien que si l’on matérialisait par une ligne leur regard « qui tue » nous constaterions alors qu’ils focalisent sur le mot « TU » ... hasard ou magnifique clin d’œil ?
Refour au confessionnal
La gravure en demi-cercle du confessionnal n'autorise, quant à elle, aucun doute concernant la double identité (mi-mouton, mi- mouron) de l'animal gravé ... à quel dessein ?
La salamandre, animal réel, est chargé de multiples symboles, il conviendra alors de la considérer dans le contexte de notre énigme et de l'ensemble des éléments à notre disposition afin de saisir le sens et la fonction que nos abbés ont souhaité lui attribuer.
Remarquons que l'extrémité de la queue des salamandres se termine généralement sur l'évocation du symbole "infini" rappelant la représentation de certains "Ouroboros" ... image que nous retrouvons sur le confessionnal.
Au sommet de leur art
Très riche en astuces et subtilités le confessionnal constitue à lui seul un fort témoignage, les différentes facettes de notre énigme y sont concentrées, mais pour en comprendre la signification il devra être considéré dans le contexte de la Vraie Langue Celtique et de l'église de RLC dans son ensemble.
Il ne constitue pas un indice fondamental, mais davantage un élément de confirmation puisque précaution fut prise de disposer bien d'autres jalons revêtant une même signification symbolique.
Décider, concevoir et réaliser de tels montages reflète une volonté de nos prêtres, celle de témoigner pour la postérité. A la charnière du 19e et 20e siècle, le clergé traversa des moments bien délicats, d'interrogations et de doutes, certains de ses membres ont alors souhaité témoigner ... discrètement, humblement mais ce faisant ces hommes espéraient probablement que leurs réalisations franchiraient la barrière du temps et que divers observateurs pourraient un jour déceler puis interpréter leurs messages (en tenant compte, bien évidemment, des nombreux autres éléments à disposition).
La dernière partie de cette trilogie sera donc consacrée à l'interprétation des indices placés sur le confessionnal et ses alentours, nous constaterons alors qu'ils s'intègrent à la perfection aux autres réalisations et montages élaborés au sein même de l'église de Rennes-le-Château, l'ensemble corroborant également les écrits de l'abbé Boudet.
Thierry Espalion