Le confessionnal de Rennes-le-Château
Magnifique ouvrage, trop souvent éclipsé par la fresque qui le domine, le confessionnal de Rennes-le-Château est bien plus qu’un simple support de caméra.
Le regard du visiteur est tout d’abord attiré par une remarquable gravure sur bois en demi-cercle tel l'ouverture des fours à pains de nos ancêtres, viennent ensuite les créneaux (en évidence mais malheureusement à demi détériorés), une majestueuse croix cerclée ... l’ensemble constituant une œuvre aux admirables finitions.
La croix cerclée
Indissociable de la ronde bosse, la croix surmontant le confessionnal joue un rôle primordial dans les montages élaborés autour de la fameuse « montagne fleurie » : nous avions évoqué dans « La clef du pape » l’aspect localisation de notre énigme et la probable fonction indicatrice de notre croix ; nous étions alors loin d’imaginer à quel point celle-ci était effectivement liée à la ronde bosse, participant en effet à de judicieux effets visuels élaborés par nos prêtres et impliquant cette croix ...
La scène gravée
Intéressons nous pour l’heure à la magnifique scène gravée dans le bois : le Christ portant assistance à une brebis. En première lecture, nous pourrions bien évidemment y voir une allusion à la légende du berger Paris qui, secourant un mouton tombé dans un trou, aurait découvert un trésor ... notons cependant qu'aucune cavité ne semble suggérée sur la gravure. Chaque jalon recélant généralement plusieurs indications, poursuivons nos observations, quelques particularités apparaissent : H. Elie dans « Ouverture sur l’invisible » serait, sauf erreur, le premier chercheur à avoir remarqué ces détails et à signaler la présence d'une représentation similaire sous forme de tableau, dans la fameuse église de Brenac ; la scène illustrée est sensiblement identique à celle sculptée sur le confessionnal ... mais celle de Rennes-le-Château présente quelques caractéristiques qui en font un modèle unique.
Une carte
A l'image de nombreux tableaux, la gravure du confessionnal constitue un document cartographique d'une remarquable précision.
Un oeil exercé y décèlera instantanément les éléments caractéristiques présents sur d'autres supports ...
L'étape fondamentale étant la détermination de l'échelle de la représentation, nos prêtres ne pouvaient omettre de nous souffler quelques précieuses indications : l'ostensible et surprenante articulation de la patte avant du mouton suggére, entre autre, l'importance du "Coudaï" dans la mise à l'échelle.
Les divers codages élaborés revêtent pour la plupart plusieurs niveaux de lecture ; ce sera aussi le cas pour la gravure du confessionnal où se mêlent indications géographiques et messages de nature plus symbolique.
Le mouton à 3 pattes
En observant la scène plus attentivement, nous pouvons remarquer que l’animal possède quelques particularités anatomiques peu communes chez nos amis les moutons :
Il n’a que 3 pattes, dont une, présente une pliure inhabituelle vers l’avant, une sorte de coude !
De plus, le graveur a attribué à cette brebis, un surprenant "visage".
Pour nous en convaincre, prenons un mouton ... inutile de le disséquer pour l’instant, une simple image devrait suffire. Le regard sculpté n’a rien de commun avec celui d’un ovidé.
De plus, l’articulation de la patte avant, induit une pliure vers l’arrière, et non pas vers l’avant ... à l'image de nos coudes humains.
L’ostensible pliure de la patte avant ne peut donc qu’être intentionnelle ... nous verrons ultérieurement qu’elle a une triple utilité. Plus surprenant encore, le « visage » de notre mouton ne peut être une simple fantaisie du graveur (dont nous devons saluer les remarquables finitions).
Ces détails n’ont pas manqué d’alerter bon nombre de chercheurs qui se sont interrogés à juste titre sur les raisons de ces particularités. Figurant sur une œuvre aussi finement réalisée elles sont forcément délibérées et ne peuvent que revêtir une signification précise et souhaitée par nos abbés.
Un élément de réponse : la brebis ensorcelée de Rennes-le-Château
Une légende locale dite de "la brebis ensorcelée de Rennes-le-Château" raconte qu'une "fée" avait pris possession du corps d'une brebis, qui s'était éloignée de son troupeau. Le berger la retrouva, mais au niveau d'un souterrain, il perdit une nouvelle fois la brebis/fée.
Un tel visage, attribué à la brebis du confessionnal, pourrait suggérer celui de la "fée" et faire référence à cette légende locale ...
Mais il est apparu à de nombreuses reprises, que chaque jalon possédait généralement plusieurs niveaux de lecture. Il existe une autre explication qui éclaire, à mon sens, davantage encore les particularités anatomiques du mouton, gravé sur le confessionnal.
Un autre élément de réponse : similitude avec un animal mythique
Voici une illustration issue d’un bestiaire médiéval :
Les similitudes avec le visage de notre brebis sont frappantes :
1) le même nez très allongé,
2) des yeux similaires,
3) les mêmes oreilles en pointe,
4) le creux des joues est également fort ressemblant ...
En figurant une scène religieuse des plus classiques, et en affublant notre brebis de discrètes particularités, nos prêtres ont probablement souhaité suggérer à quelques initiés la prise en considération d’une autre espèce animale ...
Autres indices :
5) la toison de notre ovidé suggère un élément indissociable de notre animal mystère.
6) l'un des noms qui lui est parfois attribué est le MOUTON à une lettre près !
Très très belle astuce de la part de nos abbés que de fusionner les deux espèces.
7) Notons enfin que le quadrupède arborant un tel visage dans les bestiaires médiévaux a la particularité de présenter également une articulation des pattes avant, similaire à la représentation gravée sur le confessionnal ...
Nous verrons très bientôt à quel animal mythique je fais allusion, Sa symbolique s’intègre parfaitement aux autres suggestions et montages, réalisés par les prêtres des deux Rennes.
Et pour conclure, tout en restant dans le thème abordé, je souhaite un excellent méchoui à l’ensemble des passionnés.