Etienne DUJARDIN BEAUMETZ
(octobre 2010)

Le Général Lapasset brûlant ses drapeaux, 1882, Etienne Dujardin-Beaumetz
(Musée Petiet, Limoux)



Artiste peintre puis homme politique, Henri Charles Etienne DUJARDIN BEAUMETZ fut quelques
fois évoqué dans la littérature castel-rennaise pour deux raisons principales : son nom apparait sur la fameuse inscription de la route Sainte Marie (ci-dessous) ;  on le dit franc-maçon et ami intime de Bérenger Saunière.

 

 




ROUTE STE MARIE
EUGENE RICARD
PAUL ET MARCEL
INAUGURÉE LE 19
MAI 1902
TRACEE ET EXECUTEE PAR
FONTVIEILLE
VISITÉE BEAUMETZ DÉPUTÉ

 

1)      Biographie – l’artiste

2)      Biographie – l’homme politique

3)
      Son éloge funèbre (Antonin Dubost)


1) L’artiste :

Né le 29 septembre 1852 à Paris, il est le cadet de six enfants. Son père, préfet du Puy de Dôme, décède alors qu’il n’a que dix ans. Son frère François alors âgé de seize ans, prendra soin de lui. Ils resteront très proche toute leur vie.
Sa carrière artistique s’inscrit dans une période cruciale de l’Histoire de France : les années 1870-1871 ont vu la chute de l’Empire, suivi de l’avènement de la IIIe république ainsi que la perte de l’Alsace/Lorraine qui suscite un sentiment d’humiliation dans de nombreuses familles, très souvent touchées par le conflit.

Etienne DUJARDIN BEAUMETZ n’a que 18 ans lorsque le conflit franco-prussien éclate en 1870. Engagé volontaire, il participe aux combats qui le marquèrent profondément. Ses œuvres sont popularisées par leur diffusion dans la presse qui les reproduit. Il eut pour maîtres Cabanel et Louis Roux et débuta au Salon de 1875 avec un tableau "En Reconnaissance".

Pendant un an, la peinture militaire connait un certain succès car elle répond au désir de revanche et aux valeurs d’une époque. Cependant, le temps passant, le gouvernement considère inapproprié le rappel perpétuel du conflit. Ainsi l’exposition universelle de 1878 voit l’éviction de la peinture militaire du Salon officiel.


 
Salut à la victoire (Bataille de Coulmiers), Etienne Dujardin Beaumetz

L'on peut retenir parmi ses principales toiles : Mobiles évacuant le plateau d'Aron (1876) ; L'Infanterie de soutien et En Retraite (1877) ; L'attaque d'un château (1879); Les voilà ! (1880); Le bataillon des Gravilliers (1881) qui a été un de ses plus grands succès ; La brigade de Lapasset brûlant ses drapeaux (1882) ; Les libérateurs (1883) ; La garnison quittant Belfort et A Champigny (1884) ; A la baïonnette et La dernière faction (1885) ; Ils ne l'auront pas (1887) ; Salut à la victoire (1888). Parmi les quelques portraits qu'il nous a laissés, signalons celui de M. Dujardin-Beaumetz, membre de l'Académie de médecine. En 1880, il obtint une médaille de troisième classe pour son tableau Les voilà ! et il reçut une mention à l'Exposition universelle de 1889.


Les voilà ! Etienne Dujardin Beaumetz

Une toile commandée en 1881 pour le musée de Limoux va changer le cours de sa vie. « La Brigade Lapasset brûle ses drapeaux, Metz, 26 octobre 1870 » lui permet de rencontrer une limouxine, Marie Petiet (peintre elle aussi, meurt prématurément le 17 avril 1893), qu’il épouse en 1886. Ils s’installent dans l’Aude au château de la Bezole. Etienne DUJARDIN BEAUMETZ délaisse alors la peinture au profit d’une brillante carrière politique, sûrement facilitée par ses succès artistiques.

 Le Général Lapasset brûlant ses drapeaux, 1882, Etienne Dujardin-Beaumetz
(Musée Petiet, Limoux)


2) L’homme politique :

Député de l'Aude de 1889 à 1912 (candidat républicain).
Sénateur de l'Aude de 1912 à 1913.

Sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts
du 25 janvier 1905 au 14 janvier 1912.

Il est élu conseiller général pour le canton de Limoux en 1887.
Puis député en 1889 (Son programme comportait notamment la révision républicaine de la Constitution, l'élection du Sénat par le suffrage universel et l'attribution exclusive à la Chambre des députés de l'examen et du vote du budget), il sera toujours réélu jusqu’en 1912, au premier tour de scrutin avec une forte majorité. Ses succès s’expliquent en partie par son pragmatisme face aux changements des orientations politiques locales et nationales mais aussi par ses interventions nombreuses en faveur de son arrondissement. Interventions qui se multiplient lors de sa carrière ministérielle. 

En 1902, il inaugura la fameuse « route Sainte Marie ».

Il fut chaque année le brillant rapporteur du budget des Beaux-arts à la Chambre des députés, ce qui le désigna en 1905, le 26 janvier, pour le poste de Sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-arts dans le Cabinet formé par M. Rouvier. Il garda ce poste jusqu'en 1912, sous les gouvernements Sarrien, Clemenceau, Briand, Monis et Caillaux. Au Sénat, le président Antonin Dubost a pu dire de lui « qu'il réussit d'emblée et jusqu'à la popularité à ce poste difficile ; et n'est-ce pas résumer bien des éloges que de rappeler qu'il put, pendant sept ans, garder une faveur publique dont tant d'autres ont connu la rapide usure et le décevant abandon.»

Sous secrétaire d’état aux Beaux-arts (de 1905 à 1912) il mène une politique d’enrichissement des collections nationales mais n’oublie pas l’arrondissement de Limoux qu’il dote de nombreuses œuvres d’art. Il se montra un grand administrateur des richesses artistiques de la France. Il s'efforça de constituer des ensembles décoratifs et d'y introduire l'unité de conception. Il prit souvent des initiatives heureuses, telle que l'exposition publique des achats de l'Etat.

En 1907, lors des manifestations viticoles (Les vignerons, ruinés par la mévente, refusèrent de payer l'impôt. De nombreux conseils municipaux démissionnèrent et la préfecture de Narbonne fut même brûlée. En juin, un régiment passa aux émeutiers...) violemment réprimées par Clémenceau, il soutient ce dernier par fidélité à ses engagements ministériels. Cette prise de position va désormais peser sur sa carrière politique locale et en 1912, le candidat qu’il soutient aux élections partielles est battu. Il est cependant élu sans difficulté au Sénat le 7 janvier 1912.

En 1911, un autre événement vint profondément l’attrister: le vol de « la Joconde », dont il avait la garde, en sa qualité de Sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-arts.

Il s’éteint le 27 septembre 1913, à l’âge de 61 ans, en cours de mandat.



3) Son éloge funèbre :

"Images de la tombe supprimées à la demande de la famille"

Le président du Sénat, Antonin Dubost, prononça son éloge funèbre à la séance de rentrée du 4 novembre 1913 : 

" Le brillant élève de Cabanel ne semblait pas, au début de sa vie active, destiné à la politique, car il avait déjà, par ses tableaux militaires, conquis rapidement de grands succès artistiques. Mais ce parisien fut, à son tour, conquis par le Midi et, comme la suite de sa carrière le démontre, ni Paris, ni le Midi, ni les beaux-arts n'eurent à souffrir de cette conquête ou de cette adoption.

 Il exerça sur le monde nerveux des artistes une sorte de magistrature paternelle et conciliante et il supporta avec une bonhomie souriante et malicieuse les railleries, les amertumes et les récriminations des mécontents.

 Dans la politique générale, il se distingua par son ardeur patriotique et républicaine et son courage aux heures difficiles. Son département étant soulevé par une agitation dangereuse, il n'hésita pas à s'associer aux mesures énergiques du Gouvernement dont il faisait partie et qui avait le pénible, mais impérieux devoir d'assurer l'ordre public. Mais il n'en souffrit pas moins de ce dur conflit et les derniers jours de sa vie en auraient été assombris s'il n'eut pas trouvé parmi nous la douceur réconfortante des amitiés sûres et des estimes réfléchies dont j'adresse maintenant à sa mémoire une suprême expression."

 

 

Apports :   musée Petiet, Limoux
                Dictionnaire des Parlementaires français, Jean Jolly (1960/1977)

Pour en savoir plus :        http://limoux.pagesperso-orange.fr/bioDujardin.htm

                                     http://cent.ans.free.fr/pj1905/pj78824121905b.htm

                                     http://sergefournie.unblog.fr/2010/05/

Thierry Espalion